Mise en page du blog

Le poilu exhumé n’est pas le bon

Une première exhumation

Adrien Raget est né le 13 octobre 1895 à Lyon (69).
Recruté à Chalon sur Saône, il participe à la guerre 1914-1918 et meurt au combat le 28 avril 1916 à Bonzée (55) à proximité de Verdun.
Ses parents, demeurant à Montceau les Mines, ont fait parvenir à ses camarades, lors de la première inhumation, une plaque émaillée mentionnant ses nom prénom et régiment.
La guerre terminée, les parents font une première demande d’exhumation aux frais de l’état afin de récupérer le corps. Trouvant la démarche trop longue, les parents font une demande d’exhumation à leurs frais quelques jours plus tard et récupèrent le 4 janvier 1921 le corps de leur fils, ramené en automobile, qui est ré inhumé le 9 janvier 1921 à Montceau les Mines.
Sauf que la croix de la tombe N°380 n’est pas détruite et le nom d’Adrien Raget n’est pas rayé des listes par les employés du secteur…

Un deuxième corps de leur fils

Le 1er mai 1922, une liste de corps est collationnée pour leur retour à titre gratuit. Le contrôleur du service en présence de l’abbé Trépier, curé des Eparges fait ouvrir la tombe 380 où se trouve un corps qui est présumé celui du soldat Raget.
Le 13 mai 1922, les maires sont prévenus de l’arrivée d’un convoi et communiquent aux familles. Mr et Mme Raget sont informés que le corps de leur fils Adrien va arriver en gare de Chagny le 18 mai. A prime abord, ils ne tiennent pas compte de ce courrier puis informent le maire le 16 mai qu’ils ont déjà un corps.
L’information est relayée entre le maire de Montceau, le préfet et le ministre des pensions et le corps arrivé le 18 mai 1922 est stocké à la morgue de Chagny.
Mme Raget, inquiète, demande de laisser venir ce nouveau cercueil car le premier ne contenait aucune des reliques que la famille avait fait insérer dans la bière primitive.

D’autres familles réclament le corps

Le 2 juin 1922, la famille Ailhaud de Marseille, ayant eu vent de l’affaire, réclame le corps comme le sien. Faisant douter le préfet sur l’utilité de faire ouvrir le cercueil pouvant contenir un coussin de la famille Ailhaud, l’affaire est finalement rejetée car Mr Ailhaud a été enterré à Pantin très éloigné de la sépulture de la Meuse.
Le 6 juin 1922, Mme Roncin d’Orléans pense qu’on a retrouvé le corps de son mari et écrit la lettre suivante au préfet :
« Ayant lu dans un journal de la localité qu’un cercueil contenant les reste d’un soldat ramené du front est depuis 15 jours en souffrance à Montceau les mines, je vous serais très reconnaissante de vouloir bien me donner quelques renseignements à ce sujet car je suis moi-même très inquiète au sujet des restes de mon mari exhumé depuis plus de 6 semaines et impossible de savoir quelle direction le cercueil a pris. Voici le nom écrit sur la plaque et le numéro marqué sur le cercueil Roncin Paul 21 inflt colonial Orléans N°519. «

Un cercueil ouvert

Le 10 juin 1922, le cercueil est ouvert en présence de Mr Aucaigne commissaire spécial de police à Chalon, Mme Raget, un de ses fils, le maire de Chagny et le secrétaire de Mairie.
Les recherches dans le cercueil qui ne contient que des ossements et de la sciure de bois porte sur
– la médaille d’identité du miliaire
– une petite bouteille contenant un papier qu’un camarade d’Adrien Raget avait inséré dans la bière primitive.
Ces éléments n’ayant pu être trouvés, et la cause du décès (une balle au-dessus de l’oreille droite) n’ayant pu départager les deux corps, le commissaire utilise une photo que Mme Raget a apporté de son fils Sur celle-ci on peut voir qu’Adrien Raget était un brachycéphale très accentué alors que le crâne était celui d’un dolichocépale. Le nouveau corps n’est pas le bon!!!
Mme Raget, pas forcément rassurée, paye les frais d’ouverture et de fermeture du cercueil.

Une enquête complémentaire

Le ministre des pensions et de la guerre mène son enquête. Il est impossible de savoir d’où vient ce corps car l’ancien personnel du secteur est dispersé mais il est possible qu’il s’agisse du regroupement de tombes isolées fait en janvier 1922 dans le secteur de Dieue sur Meuse. Comme la croix n’a pas été détruite, le corps inconnu portait le N°380.
Le corps sera finalement renvoyé à la gare de triage de Brienne le Château.

Sources: M1710-AD71, Larousse, sga

© 2014 Généalanille - Article publié le 9 septembre 2014

28 déc., 2023
Si vous recherchez des informations sur votre ancêtre enfant de l'assistance, pensez à chercher la nourrice et la famille d'accueil pour débloquer de nouvelles pistes.
Médailles militaires
29 nov., 2023
Une distinction militaire ne doit être portée que par la personne à qui elle a été attribuée. Sinon, le fautif peut être condamné pour port illégal de médaille militaire.
Rodez
31 oct., 2023
L'ancienne mairie, l'ancienne poste, l'ancien palais de justice, etc. Tous ces bâtiments qui ont changé d'usage et de destination peuvent vous aider dans un autre domaine : la datation de documents figurés.
19 oct., 2023
Le statut des enfants moralement abandonnés est défini dans la loi du 24 juillet 1889. Cette nouvelle catégorie d’enfants assistés s’inscrit dans la protection de l’enfance face à des parents indignes ou devenus incapables de diriger et surveiller leur progéniture.
Ancêtre tatoué
10 oct., 2023
Avez-vous un ancêtre tatoué ? Quelle est la probabilité que ce soit le cas ? Comment retrouver des traces de ce tatouage ?
Eclair
02 oct., 2023
Avez-vous imaginé que la réfection d’une matrice cadastrale a pu être utilisée pour les incidents climatiques subis par vos ancêtres ? Voici un exemple issu des archives.
soutien de famille
25 sept., 2023
Pourquoi faut-il porter son attention sur un ancêtre soutien de famille dans les archives militaires ? Quelles informations peut-on apprendre sur l’environnement familial ?
Pinou
18 sept., 2023
Leur surnom est Pinou, Fifine, Dudus, Quéquet, etc. Ce sont des personnalités locales, connues de tous, mais quelles traces ont-ils ou vont-ils laisser dans les archives ?
Matrice cadastrale
11 sept., 2023
Si vous utilisez régulièrement les matrices cadastrales, vous avez probablement déjà constaté qu’il existe parfois une contraction entre les propriétaires indiqués et la réalité. Faut-il faire confiance à la matrice ou au contraire l’éviter ?
écoliers
05 sept., 2023
Vous avez un ancêtre instituteur ? Pensez à rechercher l’envers du décor : les demandes non satisfaites, les plaintes, les interventions politiques …
Voir plus d'articles
Share by: